Le timbre de l'éclipse (1000 kwacha)Page d'accueil, sommaire Juillet 2001

Eclipse en Zambie

 

Le compte-rendu de l'éclipse du 21 juin

Nous sommes partis à trois, contrairement à tous les conseils que nous avons pu lire, ici et là, disant qu'il valait mieux partir en voyage organisé...

Nous ne regrettons rien, les Zambiens sont des gens très accueillants.

Dès notre arrivée à Lusaka, Martine, Gérard et moi avons pris un bus pour Mumbwa un gros bourg près du parc national de la Kafue. Nous y avons passé une semaine en attendant l'éclipse et nous nous y sommes fait plusieurs amis.

Mon idée du départ était de gagner le petit village de Karenda le mardi (2 jours avant l'éclipse) pour y faire la connaissance de l'instituteur et donner aux enfants, en plus des consignes de sécurité, les quelques dizaines de paires de lunettes qui restaient de l'éclipse de 1999. Puis de monter sur le petit sommet à 1236 m d'altitude, près du village. Mais sur place, nous avons appris que les écoles étaient en grève et que Karenda était un camp militaire !

Le deuxième jour, nous avons fait la connaissance de John, un ancien professeur de français à Mumbwa, qui a été heureux de nous rencontrer afin de pratiquer son français et qui nous a rendus beaucoup de services en nous servant de traducteur (notre anglais étant "very bad") Rapidement, nous avons décidé d'aller voir l'éclipse avec John et sa famille et de ne partir que le jeudi matin, jour même de l'éclipse. C'était un peu risqué, mais ils ne pouvaient pas s'absenter plusieurs jours.

Les six jours d'attente sont passés agréablement à faire des balades près de Mumbwa. Nous avons commencé à distribuer quelques paires de lunettes par-ci par-là, mais un matin sur le marché, nous avons commis l'imprudence d'en donner une et aussitôt ce fut la cohue. Les gens se bousculaient pour tenter d'en avoir une paire, certains avaient même un billet de 1000 kwachas (environ 2F) dans la main ! Heureusement, Gérard n'avait qu'une quinzaine de paires sur lui qui ont disparu rapidement ; et nous avons été obligés de dire que nous n'en avions plus. Il a donc fallu expliquer aux gens comment observer sans lunettes par projection derrière un petit trou ou bien à l'aide d'un tout petit miroir. (La télévision zambienne a bien parlé du petit trou, mais il semble qu'aucune démonstration n'ait été faite)

Lors de l'une de nos balades, nous avons pu distribuer les lunettes qui nous restaient directement dans les familles des gamins qui nous avaient accompagnés. John, expliquait en dialecte local comment prendre soin des lunettes, comment contenter toute une famille avec une seule paire et les diverses précautions à prendre.

La veille de l'éclipse, nous avons pu faire la démonstration par projection devant quatre classes d'un collège. John, pour qui l'éclipse n'avait plus de secret, nous servait de traducteur, en anglais cette fois.

21 juin - 8 h    Le véhicule réservé est là avec son chauffeur et Derrick son propriétaire. Sarah, la femme de John et Martine montent devant à côté du chauffeur. Derrière, nous sommes huit dans le plateau du van : Derrick, John, son fils de 13 ans Amalengwa, sa nièce Magala, Louis un ami Hollandais qui s'est joint à nous, Owen un autre ami Zambien, Gérard et moi. La piste n'est pas très bonne et il nous faudra deux heures et demi pour atteindre Karenda.

En arrivant, nous repérons un petit sommet qui a une vue dégagée sur l'ouest et le sud. De l'autre côté du village, Gérard repère une colline plus haute avec toute une surface rocheuse au sommet, l'endroit idéal. Nous décidons d'y aller. Légère perte de temps au poste militaire du village, puis après avoir laissé nos passeports et accompagnés de deux militaires nous nous dirigeons vers le sommet. La piste devient inexistante, de grandes herbes de deux mètres de haut plient sous notre passage. Il y a des feux de brousses et un peu plus tard le chauffeur sera obligé d'accélérer pour en éviter un. Finalement, nous abandonnons la voiture et grimpons à la suite des deux militaires. Il y a bien quelques rochers près du sommet, mais ce ne sont pas ceux que nous avions repérés et comme ils sont sur le versant est, nous ne pouvons pas rester là : le Soleil a encore trois bonnes heures avant la totalité et il risque de se coucher !

Nous redescendons rapidement et décidons de retourner sur la première colline repérée.

Nous y arrivons une petite heure avant le commencement de l'éclipse (premier contact) prévu à 13 h 37. Martine installe son appareil photo, je fixe le thermomètre à l'ombre d'un arbre puis nous commençons à manger.

Le ciel est magnifique, d'un bleu profond. Les jours précédents, Vénus était visible à l'oeil nu vers 10 h 30 lors de son passage au méridien, c'était bon signe. Il y a bien des fumées de feux de brousse vers le sud-ouest, mais elles ne nous gêneront pas.

13 h 37 Nous regardons le Soleil avec nos lunettes. Il y a trois taches visibles à l'oeil nu, dont une assez grosse, puis soudain la Lune est là en bas à gauche qui commence à grignoter l'astre du jour. Nous avons une heure et demi avant la totalité. Martine fait quelques photos de la phase partielle, je fais la démonstration des méthodes d'observation par projection ; Owen remarque que l'image est inversée, explications...

La température baisse progressivement, mais nous ne le ressentons pas réellement. L'obscurité avance sensiblement donnant au paysage une couleur blafarde.

15 h (H - 7 minutes) Il ne reste plus qu'un croissant... de Soleil. Je fais un dernier relevé de température.

H - 5m. Je pose les lunettes spéciales, je suspends les jumelles autour de mon cou et je me campe bien en place.

H - 2m. Tout va très vite, la nuit nous surprend.

Ca y est, il fait nuit et dans le ciel un Soleil noir auréolé d'une magnifique couronne nous laisse sans voix. Aussitôt je jette un oeil aux jumelles, c'est extraordinaire, la couronne est immense faite de longs filaments argentés s'étendant à plus d'un diamètre solaire. Je pense au chronomètre, reprend les jumelles, Jupiter est bien là en bas à gauche, mais je ne vois ni Mercure ni étoile. Tant pis, c'est tellement beau la couronne, qu'aucune photo, ne peut rendre cela ! Sur le bord droit du Soleil des protubérances sont visibles. Martine en voit aussi à gauche, mais je suis daltonien !

J'avais décidé de faire une photo avec mon petit appareil à travers un trou dans les branches d'un arbre. Je prête les jumelles à Amalengwa qui est à côté de moi, je fonce sur l'appareil, mets le zoom à fond ... le flash me surprend. Dans le noir, j'essaye à tâtons de le supprimer, nouveau flash. Nouvel essai, mais sans flash cette fois le temps de pause est trop long... Vite, revenir aux jumelles... Owen est là, je les lui prête et j'en profite pour regarder l'horizon rougeoyant sur toute la partie que l'on peut voir. Mes yeux sont à nouveau attirés par la couronne, et puis, soudain, les grains de Bayli...

STOP ! C'est fini. Je me sens vidé, Martine essuie une larme ! Que c'est court trois minutes et demi !

Jean-Paul Fabry

Relevés de température en heure locale (T.U. +2)

Relevés de température durant l'éclipse

* Chronométrage de la totalité : 3 minutes 24, mais je n'avais pas déclenché le chronomètre dès le début !

La basse couronne et Jupiter en bas à gauche

Photo Martine Guillon

Photo : Martine Guillon

Les cartes du lieu d'observation.

Les photos d'ambiance.